L’équipe de Lomography France a eu la gentillesse de me prêter le temps d’un test un des modèles emblématiques de la marque, La Sardina. Depuis longtemps je suis intrigué par ce petit boitier qui certes est limité techniquement, mais qui pourtant permet de faire tellement de choses. Un appareil photo argentique dont la philosophie est d’être simple, créatif et accessible au porte-monnaie. Il en faut pas plus pour me séduire sur le papier, maintenant il est temps de voir concrètement ce que ça donne.
Du point de vue de la fiche technique
- Dimensions: 11.5cm de longueur x 8cm de hauteur x 6cm de profondeur.
- Poids: 170gr (nu)
- Optique / Monture: 22mm
- Focus minimum: 0,6m
- Obturateur: 1/100 + Bulb
- Ouverture: Fixe F/8
- ISO: 100 à 400 asa
- Autofocus: Non
- Flash: Externe, modèle “Fritz”.
- Retardateur: Non
- Batterie: Aucune.
T’as le look Coco
Le Lomography La Sardina est un 35mm qui en 8 ans d’existence a subit aucune évolution, mais pourtant il est régulièrement en première ligne de la communication de Lomo. La raison à cela est que l’appareil est pensé pour être visuellement unique ! Ainsi de la même manière qu’on sortirait la nouvelle version d’un sac (je pense à eastpack), la société créa une multitude de variantes. Outre le revêtement, les matériaux peuvent aussi changer d’un modèle à une autre, jonglant ainsi entre plastique et métal. Vous pouvez découvrir les différents modèles via le microsite de l’appareil.
Et si vous voulez vraiment un boitier qui vous ressemble, vous avez désormais la possibilité d’acheter La Sardina DIY personnalisable. Aussi il existe des revêtements qu’on appel “La Sardina Dress” et permettant de modifier la coque.
Dans le cadre du test je dispose de la variante “Cubic” avec son pattern géométrique.
Oui je sais c’est trop petit pour distinguer les modèles, c’était juste pour vous donner un aperçu de la quantité des variantes !
Je ne vais pas vous faire l’insulte de vous expliquer pourquoi on le nomme “La Sardine”, je pense que ça saute aux yeux. Le ressenti sera diffèrent entre une variante plastique et en acier. Personnellement je suis dans le 1er cas, l’édition Cubic respire la solidité, même si son dos détachable rompt un peu avec cela car grinçant quand on applique une pression.
Le chargement se réalise le plus simplement du monde. On retire le dos, insère et bloque la pellicule sur le rouleau récepteur, on aligne les crans pour l’avancement et on referme.
Un objectif pour une imparfaite harmonie
Le 35 mm grand angle est fait pour se jouer des imperfections et générer des effets qui à une époque étaient considérés comme des défauts. Je prends l’exemple général du flare, cette infiltration lumineuse sur la lentille qui était alors vue comme un problème. Désormais c’est artistique et La Sardina s’en amuse totalement. Idem avec un grand classique de l’histoire de Lomo, le vignettage très apprécié maintenant. Aussi sans prétendre être un fish-eye, l’optique déformera un peu ce qui entre dans son cadre. Vous pouvez constater cela dans les exemples en bas de l’article.
Une map ? Pourquoi faire ?
Afin de vous débarrasser du moment le plus long avant la prise, qui est la mise au point, Le Lomography La Sardina dispose uniquement de 2 solutions. Pour simplifier un mode proche et éloigné sont présents. Le 1er marche de 0.6m à 1m, le second de 1m à infini.
Les symboles sur la bague de réglage sont identiques aussi sur le flash adapté, pour une prise en main rapide.
Un viseur anecdotique
Vous pouvez l’imaginer par un simple regard mais le viseur de La Sardina est petit et peu confortable. D’ailleurs comme ce dernier est en décalé par rapport à l’optique, il faut pour un portrait rapproché placer le centre du viseur au niveau du front du sujet. Sinon vous risquez d’avoir la tête sectionnée. Ce dernier est déformant pour faire écho à l’objectif, c’est un choix qui sert de rappel sur le résultat d’une prise.
3 modes d’utilisation dont la Multi-exposition !
L’appareil dispose au centre de la tranche haute d’une commande permettant de jongler entre les fonctions. Symboliser par les lettres B, N et MX, ils représentent respectivement les modes Bulb (longue-exposition), Normal (F/8 – 1/100s) et MX (Multi-exposition).
Pour la fonction Multi-expo il suffit de prendre le premier cliché et actionner sur la droite une fois. L’armement est de nouveau prêt sans avoir besoin d’avancer le film.
Fritz the Blitz !
Doté d’un flash externe nommé Fritz, le Lomography la Sardina propose ainsi une solution pour les moments ou une pellicule 400 ISO ne ferait pas l’affaire. Ce dernier se fixe sur la droite via une vis. Il sera nécessaire de le retirer si vous voulez ouvrir le dos de l’appareil photo.
Toujours dans ce but de simplification, le flash externe propose 3 modes de puissance selon la distance du sujet. L’insecte symbolise le mode macro, la silhouette le portrait américain et les 3 personnages les portraits de groupe.
De manière général il est recommandé de l’utiliser des qu’une photo est prise en intérieur. Mais si vous voulez outre-passer cela il suffit de poser l’appareil sur une surface stable et utiliser le mode B.
Néanmoins si vous connaissez Lomo vous savez qu’ils vont rarement se stopper à la fonction de base. Ainsi il dispose également de filtres colorés afin de jouer avec les tonalités, surtout en multi-exposition.
On terminera par dire qu’il fonctionne via une pile CR123A facilement trouvable dans le commerce. Il est aussi compatible avec la majeure partie des appareils made by Lomo comme le Diana, F+ ou Mini, le LCA+, le Sprocket Rocket ou encore le LomoKino. Il est aussi possible via un kit d’adaptation de le greffer à un appareil argentique au format 110mm.
Sur le terrain
La philosophie tu respecteras, te prendre la tête tu arrêteras !
Ne tournons pas autour du pot, le Lomo Sardina fait parti de la catégorie des caméras jouets. Des réglages limités, une lentille en plastique et une mécanique simplifiée, l’appareil est à ranger au même titre que le Holga 135 TLR que j’ai pu tester en 2016.
Cette approche donne une leçon que les débutants oublient trop souvent: La photographie argentique n’est pas compliqué !
Avec peu de réglages vous pouvez faire beaucoup. Non prendre une pellicule de 200 au lieu de 100 ne va pas invoquer le diable, non vous avez pas besoin de faire la mise au point au millimètre prêt pour que ça soit net, non vous avez pas besoin de modifier 36 paramètres car le temps a changé, etc etc.
Je trouve que commencer avec un appareil bridé est une bonne école pour un grand débutant. Avec cela vous avez une base avec des réglages qui peuvent servir de socle pour ensuite évoluer dans votre pratique avec d’autres argentiques.
Easy-peasy !
Par conséquence on agit de manière fluide. Une fois chargé, on arme en utilisant la roue de droite, cette dernière se bloque une fois le compteur à +1. À contrario la molette de gauche servira pour le rembobinage une fois la pellicule terminée. La Sardina ne nécessite pas de débloquer le rouleau au préalable, attention donc de ne pas la manipuler avant la fin.
La visée étant simplifiée on fait le choix en un quart de seconde et on déclenche la photo. Au début un peu déroutant quand on a l’habitude de contrôler au moins un paramètre (ouverture, vitesse, etc), on prend par la suite vite le pas.
Pour le choix de la pellicule suivez le guide
Faisons simple:
- Temps ensoleillé: 100/200 Asa.
- Temps nuageux: 200/400 Asa.
- Basse luminosité: Utilisez le flash Fritz ou le mode Bulb.
In ze bag ?
Forcément léger vue sa construction il risque pas de vous embêter sur un long trajet. Son format compact aurait pu permettre de le mettre dans une poche intérieure si son objectif était rétractable. Il faudra se contenter d’un sac de transport pour le trimballer dans nos aventures.
La conception entièrement en plastique (pour la version en test) me permet de l’avoir sans avoir peur qu’il prenne un coup. Ce n’est pas comme un appareil en métal dont le choc peut endommager la peinture facilement. Un esprit zen c’est un bon départ généralement.
Et Fritzounet illuminera ta vie !
Même si il est pas vital à l’utilisation du Lomography La Sardina, le flash Fritz est un plus pour la créativité. L’utilisation des filtres permettront de rapidement décupler le potentiel du 35mm. Néanmoins je l’ai trouvé un peu faiblard pour les portraits rapprochés lorsqu’une source lumineuse secondaire ambiante est présente. Je ne sais pas si c’était du à la pile qui faiblit, mais par précaution j’ai poussé sa puissance à 1/1.
Exemples
Réalisé avec une pellicule Lomography Color Negative 400.
Et surtout avec la complicité de Angèle Brévart, qui a quitté sa tablette graphique pour m’aider. Vous pouvez consulter son travail de graphiste via son site si vous êtes curieux.
Premier exemple qui illustre mes propos sur l’objectif, la présence du vignettage (partie droite), mais également des reflets du au soleil (partie gauche).
Le piqué forcément sera moins précis avec une lentille en plastique, mais rien de dramatique. Vous noterez aussi la déformation de l’optique en suivant la rambarde du regard.
Petit exemple simple d’un effet en multi-exposition avec le flash Fritz + filtres couleurs.
Mon opinion sur le Lomography La Sardina
Soyons honnête même si l’usage de la pellicule est désormais sur une pente ascendante, l’image qu’elle reflète peut bloquer des personnes pour qui argentique rime avec “trop technique”. Proposer un produit simple avec un design actuel peut rassurer et offrir une porte d’entrée à une future conversion.
Avec La Sardina de Lomo un simple post-it suffit pour retenir les paramètres à prendre en compte afin de réaliser un cliché. Et si vous pensez qu’on peut pas faire de belles choses avec, une simple recherche des photographies produites sur le site du fabricant vous montrera le potentiel de l’engin.
Pour terminer même si le piqué des photographies est loin d’être le meilleur, le résultat est plaisant à découvrir. L’addition du vignettage, de la déformation etc forme un résultat loin de la neutralité emmerdante de la perfection.
Quelques alternatives
- Lomography Diana Mini.
- Holga 135.
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