Sur un marché où coexistent une cinquantaine de variantes quasi identiques, souvent issues du même fabricant chinois, il est facile de s’y perdre. Dans ce contexte, Kodak bénéficie d’un atout : une marque historique, reconnue et rassurante.
Le Kodak Ektar H35 se distingue aussi par un design inspiré du brevet de l’Instamatic 133, loin des modèles génériques d’AliExpress. Mais son prix élevé pour la catégorie (environ 65 €) laisse place à des alternatives plus abordables et parfois meilleures. Explorons-les.

C’est quoi un réutilisable ?
J’emploie le terme dès l’introduction, mais il n’est pas forcément évident pour tout le monde.
Un réutilisable, c’est tout simplement un appareil photo qui reprend la logique du jetable (ouverture et vitesse fixes, absence de cellule, construction plastique avec objectif en plastique) mais dans lequel on peut remettre une pellicule. Rien de plus, rien de moins : c’est très basique.
Même si le mot « réutilisable » est récent dans le marketing, ce type d’appareil existe depuis longtemps, souvent vendu comme jouet, cadeau ou appareil d’initiation pour les enfants.
La tendance a été relancée par des sous-traitants chinois qui ont anticipé le retour de l’argentique. Depuis, grandes marques et petits fabricants passent par eux. Avec le temps, les clients demandent davantage de variantes (design unique, mode panorama, demi-format, lentilles en verre, coque aluminium, etc.) pour se démarquer.
Néanmoins, comme je l’ai déjà expliqué ailleurs : Les réutilisables ne valent pas le coût financier.
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Lomography Half-frame Amourette ou Diana Mini
Commençons par une nouveauté tout en restant dans la même catégorie. Le Lomography Half-Frame Amourette, qui embarque en réalité un Diana Mini limité au demi-format (une stratégie dont je peine à saisir l’intérêt), offre pour un tarif similaire un appareil réutilisable avec un rendu typiquement Lomo : vignettage marqué et contraste prononcé. Il a aussi l’avantage de proposer une mise au point non fixe grâce au zone focus.

Il va tout de même plus loin que le Kodak Ektar H35, puisqu’il propose des modes dédiés à la multi-exposition et à la pose longue (Bulb). Comme l’Ektar, il est disponible en plusieurs versions et coloris. De plus, Lomography lance régulièrement de nouvelles éditions.
Si vous n’avez pas peur de l’occasion, le Diana Mini constitue une alternative très proche : c’est le même appareil, mais il permet à la fois le demi-format et le format carré, une combinaison assez rare dans cette catégorie. Il offre les mêmes modes, ce qui fait que je tends généralement à davantage recommander ce modèle.

AgfaPhoto Half Frame
Pour commencer, il faut savoir qu’Agfa n’est pas réellement derrière ce half-frame. La marque AgfaPhoto n’est qu’une exploitation commerciale du nom Agfa, concédée sous licence contre un chèque aux propriétaires.
Derrière AgfaPhoto se trouve la GT Company, une entreprise qui capitalise sur des marques historiques. Elle fait d’ailleurs la même chose avec Kodak, en apposant le logo sur à peu près tout et n’importe quoi.
Dans la majorité des cas, il s’agit de produits d’entrée de gamme, souvent issus de catalogues de licences blanches (des articles sans marque auxquels on colle un logo connu).

On a donc affaire à un appareil générique, identique à ceux que l’on trouve sur les plateformes B2B comme Alibaba. Il reprend toutefois le principe du demi-format offert par le Kodak Ektar H35, en s’appuyant sur la même logique décrite précédemment. Son principal atout reste son prix plus accessible, généralement compris entre 30 et 50 € selon le revendeur.
Je le répète : c’est un appareil entièrement en plastique, dont la solidité à long terme est discutable. Pour cette raison, je vous conseille de ne pas dépasser les 30 € à l’achat.
Sur le segment de l’occasion
Agfa Parat
Revenons cette fois chez le véritable Agfa historique. Le Parat est un demi-format doté d’une optique réelle avec lentilles en verre, d’un choix d’ouvertures variées et de la mise au point en zone focus.
Sa vitesse n’est pas limitée, mais attention : comme le Kodak Ektar H35, il n’embarque pas de cellule. Il faudra donc utiliser une application de posemètre (type lightmeter) ou une cellule externe.
On le trouve généralement entre 25 et 60 € sur le marché de l’occasion, avec une qualité de fabrication nettement supérieure à celle des modèles récents en plastique.

Plus tard, il sera rejoint par le Paramat et le Optima-Parat. Mais comme ils usent de cellules au sélénium, qui sont difficiles à remplacer et qui vieillissent mal avec un mauvais stockage, je préfère éviter de les conseiller.
Fujica Half
Avant que vous ne me tombiez dessus : oui, le Fujica Half possède bien une cellule au sélénium. Mais sachez qu’il peut parfaitement fonctionner en mode manuel ! La cellule n’est là qu’à titre indicatif. Donc même si elle est hors service, l’appareil reste tout à fait exploitable.
Comme son concurrent, il offre une mise au point en zone focus, ainsi qu’un contrôle complet de la vitesse et du diaphragme.
Et parce que la marque Fujica parle de moins en moins aux nouveaux pratiquants, beaucoup oublient qu’il s’agit tout simplement de Fujifilm, gage de qualité au même titre que Kodak, son concurrent historique.
On le trouve d’ailleurs dans la même fourchette de prix que l’Agfa Parat, ce qui en fait une excellente alternative.

Vous croiserez peut-être aussi le Fujica Half Drive, une variante équipée d’un moteur à ressort. Concrètement, il suffit de remonter la roue pour pouvoir enchaîner plusieurs prises de vue sans avoir à réarmer entre chaque photo.
Plus haut dans la gamme, le Fujica Half 1.9 fait figure de version Deluxe. Comme son nom l’indique, il est doté d’une optique lumineuse à f/1.9, ainsi que d’un obturateur plus rapide, pouvant atteindre 1/500 s.
Si vous le trouvez au même prix qu’un Kodak Ektar H35, c’est clairement une très bonne affaire.
Ricoh Caddy
Même si sa cote dépasse souvent celle du Kodak Ektar H35, le Ricoh Caddy reste un véritable underdog sur le marché français. Tout simplement parce que, comme les modèles précédemment évoqués, on n’y pense pas spontanément. Le segment du demi-format est largement dominé par les Olympus Pen, Canon Demi et Ricoh Auto-Half. Le Caddy n’a jamais bénéficié du même succès que son cousin Auto-Half.
Inutile de répéter ce qui a déjà été dit : il offre les mêmes avantages que ses concurrents directs, mais il continue pourtant de passer sous le radar.

Petite astuce : si vous tombez sur une annonce, une braderie ou un vide-grenier et que vous repérez un demi-format équipé d’une cellule au sélénium, n’hésitez pas à interroger le vendeur à son sujet. La plupart ne savent pas si la cellule fonctionne encore, s’il faut une batterie (alors que non) ou si l’appareil peut fonctionner sans elle.
Profitez-en pour semer un léger doute en laissant entendre que, si la cellule est morte, l’appareil ne vaut guère plus qu’un presse-papier ou un objet déco. Cela vous donnera une marge pour négocier un prix plus bas.
Mentions spéciales
Le Reto Ultra Wide & Slim
Éloignons-nous un peu du demi-format, tout en restant dans le principe du réutilisable. Puisque l’on parle du Kodak Ektar H35, autant jeter un œil au passé de son concepteur, Reto. Cette compagnie n’est pas apparue par hasard : parmi ses productions “maison”, on retrouve notamment l’Ultra Wide & Slim.

Une formule bien maitrisée, avec un grand angle de 22 mm offrant un rendu “Lomo” (contrasté et avec du vignettage).
Comme son nom l’affirme fièrement, c’est, dans sa catégorie, un modèle assez compact. Ne vous attendez pas non plus à un Ricoh R1, mais c’est plûtôt pas mal.
Comptez environ 30€ pour vous le procurer.








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