Yashica lance un boitier sur kickstarter, encore un appareil photo avec un look vintage pour coller à la tendance… Mais c’est bizarre il s’ouvre, tiens on dirait qu’il insère une pellicule mais je ne reconnais pas la marque. Mais il y a un levier d’armement ! Suis-je entrain de rêver, un fabricant historique oserait relancer un argentique ? Oh je vais regarder cela de plus prêt.
Le concept
Yashica a bien compris que la photo analogique était pas morte et a donc pris la décision de faire un peu de R&D (recherche et développement) pour améliorer le concept dans un monde numérique et rapide !
Ainsi est né le Yashica Digifilm Y35. Un faux télémétrique ressemblant fortement au Electro 35 GT, qui va comme un Polaroid Snap Touch dans sa catégorie vouloir le meilleur des 2 mondes.
Le Digifilm System va dans les faits produire des photographies proche des argentiques sans la perte de temps et de moyen qu’est le développement. En gros un boitier pour hipster qui veut immédiatement poster sur Instagram.
Et pour cela la mécanique repose sur des pseudos pellicules (qui ne le sont pas) qui ont une valeur fixe en ISO. L’idée étant d’exploiter de façon optimale une gamme. Si vous voulez passer de la couleur en 1600 ISO à de la N&B en 200, il faudra racheter la cartouche correspondante.
En réalité la “pellicule” est plus une capsule électronique renfermant les réglages sur une mémoire comme on enregistrerait un preset Lightroom sur une carte SD.
Une fiche technique passable
Rien de bien transcendant le Yashica Digifilm un capteur rikiki CMOS 1/3.2 pouces couplé avec un 35mm offrant une belle ouverture à F/2,8 pour 14 mégapixels. Au début l’annonce a fait débat car une erreur c’est mise dans la fiche en signalant un capteur de 1,4 mpx, ce qui est bien entendu faux.
Pour le reste la mise au point est au minimum de 1m jusqu’à l’infini, l’obturateur propose plusieurs sélections (1s, 1/30s, 1/60s, un trop grand écart vers 1/250 et enfin 1/500s), et il semblerait qu’il y ai pas de mode Bulb !
Enfin pour la modernité vous pouvez compter sur l’enregistrement sur une carte SD sans que l’on connaisse la capacité maximum pour le moment. Le transfert via micro-USB comme c’est courant est aussi de la partie. Pour finir la bestiole est alimentée par 2 piles AA. Pourquoi pas une batterie alors que c’est la norme ? Grande question dont je n’ai aucune réponse.
Vous l’aurez compris c’est un appareil photo faussement vintage et moderne comme on en voit régulièrement.
Côté tarif: Meh
Pour être honnête je ne sais pas comment interpréter le tarif. Mon cœur me dit que pour le segment de l’argentique c’est encore potable lorsque je vois des Olympus Mju 2 à 200 euros ! Mais radin que je suis je ne mettrai jamais autant la dedans.
Du point de vue d’un numérique je trouve le prix du Yashica Digifilm assez limite. Surtout que il ne faut pas oublier dans l’équation le fait de racheter une simili-pellicule à chaque changement que l’on souhaite faire.
Avec une grille tarifaire sur Kickstarter allant de 142$ (un appareil + 1 à 2 cartouches) à 493$ (4 appareils + 4 cartouches) on est avec de l’entrée de gamme, ce qui reste en cohérence avec la fiche technique.
Finalement cela vaut-il vraiment le coup ?
Photographe numérique et argentique je me suis posé la question de son utilité, voila comment je perçois la chose.
D’une part en tant que “numériste” je me vois mal tronquer mon compact pour le Yashica Digifilm Y35. Pourquoi j’irais m’encombrer de pellicules des que je dois changer ma valeur en ISO alors qu’une simple commande le permet normalement ? Surtout si au final c’est juste pour l’enregistrer sur une carte SD comme l’ensemble de la concurrence.
Oui mais tu auras pas le rendu d’une photo prise sur un film.
Pas vraiment car le faux 35mm n’accepte pas une Kodak Portra ou encore une Ilford Pan. Il faut dépendre du format propriétaire ce qui bride l’expérience et la richesse que peut apporter un vrai argentique. De plus il existe des filtres sur Instagram ou bien des Presets Lightroom imitant le résultat du développement. Autant ne pas lâcher plus de 100 euros pour le même résultat.
De l’autre part l’apport de la carte SD pointe une faiblesse du numérique, je parle de la quantité des images que l’on produit. L’échec est une chose oubliable lorsque que l’on mitraille et que l’on corrige le fichier RAW. Revenir à la base m’a offert une nouvelle vision, une exigence qui je le pense aide à s’améliorer.
Pour qui au final ce petit Yashica Digifilm ?
Je le vois, je radote les arguments que j’avais précédemment dis lors de mon article sur le projet I’m back. Mais il faut penser pour monsieur et madame Michu qui eux ne savent pas ce qu’est le format RAW, un preset ou bien même juste un filtre. C’est un marché exploitable car le manque de connaissance est une vérité. Combien de fois j’ai surpris mon entourage en expliquant que en 2017 on peut acheter des pellicules neuves.
Je me demande quand même si cela va fonctionner à un siècle ou une imprimante photo est abordable et ou les filtres sont accessibles directement depuis le menu.
Quoi qu’il en soit le projet Kickstarter sera financé c’est certain mais si vous voulez retrouver les sensations de l’argentique je vous partage des articles que j’ai pondu dans le but d’aider les personnes qui le veulent à se lancer. Pour les pellicules, des sites comme Nation Photo vous ravirons pour un prix honnête.
Bonjour,
Je me demandais si une autre marque avait réalisé un appareil de ce genre ? Un argentique récupérant les photos sur carte SD ?
Merci
Bonjour, le Digifilm n’a rien d’un argentique. C’est un numérique au look d’argentique, avec des presets dans des mémoires en forme de pellicule. Une arnaque commerciale. Vous avez le projet “I’m back” qui propose de remplacer le dos du boitier par un capteur numérique avec écran. L’enregistrement est donc uniquement numérique et via SD.