Aujourd’hui officiellement disponible, le Pentax 17 est indéniablement un argentique fait avec passion et avec une belle qualité de fabrication. Néanmoins, face à un marché de l’occasion vaste, mais aussi parfois trop opaque, que vaut-il ? Faisons un tour du propriétaire, en profitant au passage, pour le comparer envers ceux qui peuvent être des alternatives.
Élaguons l’évidence !
On va me dire que l’occasion étant plus accessible, c’est une évidence qu’il est désavantagé. Et je ne suis pas de cet avis. Pour la raison que ce Pentax 17 vise les “frileux” du marché de l’occasion. Si le 17 n’est pas pour leur utilisation, ils iront plus facilement vers un revendeur pro, dont les prix sont parfois au triple du vendeur particulier. Mais qui offrira des garanties similaires. Il est donc possible d’avoir dans le lot des équivalents tarifaires.
Vendu 550 €, ce nouveau boitier est à mon sens une bonne nouvelle. Les rumeurs tirant plus entre 600 et 800€. Néanmoins, cela reste un prix peu abordable, pour les petites bourses. Et le marché de l’occasion ne manque pas de compétiteurs.
Mais il faut le reconnaître, c’est une belle porte d’entrée dans le monde de l’argentique, d’autant que la qualité de son 25 mm F/3.5 demi-format (équivalent 47 mm en plein format) montre des résultats au top. La seule vraie question est alors le ratio prestation-prix.
Afin de vous faire votre opinion, analysons et comparons divers aspects. Que vous puissiez estimer, au-delà de la hype, s’il vaut le coût financier demandé.
Une affaire…
De taille et de poids
Finalement, avec un design plus proche des reflex de la gamme “MZ”, que de la gamme “M”, le Pentax 17 n’est pas si compact que cela. On peut aisément le mettre en comparaison des Point & shoot de première génération, comme les Canon AF35M, Nikon L35 AF, Minolta Hi-matic AF, etc.
Par exemple : Le AF35M fait 132 x 77 x 54 mm, le AF35ML 122 x 73 x 55 mm et le AF35M II 125x 76x 46 mm. Contre 127 x 78 x 52 pour le “17”.
Et contrairement à lui, eux, possèdent un système autofocus. Bien que la visée par estimation soit un argument de Pentax, pour justifier un plaisir dans la manipulation. Ce que je comprends, honnêtement, mes appareils favoris sont les Minox 35 GT et Voigtlander/ Balda CS 35. Si ce n’est qu’ils sont des ultra-compacts, qui peuvent glisser dans la poche d’un jean slim. Alors que notre nouveau prétendant demandera une poche de veste ample.
Le point positif, si on met en concurrence les AF de première génération et le zone focus du 17, c’est le poids ! Si je reprends la gamme AF35 de Canon, on tourne autour des 400-450g. Notre nouveau venu, lui, ira sur les 290g !
C’est donc un aspect qui dépend que de vous. Néanmoins, sur cette partie, il y a pléthore de compacts Point & shoot, qui feront mieux. Et si c’est un critère important pour vous, j’ai rédigé un dossier qui priorise cela, par ici !
De format
Faire le choix d’un appareil demi-format est malin en 2024. C’est une vérité que les pellicules ont un prix beaucoup trop élevé. Donc, pouvoir doubler le nombre d’images possibles, en divisant la surface est économique. Une approche que Kodak fait déjà avec ses “réutilisables”, tel que le Ektar H35. Mais attention, on ne va pas les mettre en concurrence, cela serait comme faire affronter un tank face à une twingo.
Par contre, on peut l’analyser face aux équivalents du passé. Et à ce jeu, c’est du 50/50. Car, bien qu’un choix plus compact ne manque pas (Olympus Pen, Ricoh Auto Half, etc) la plupart possèdent une cellule au sélénium. Une technologie qui offre une batterie très longue durée, mais qui s’épuise en exposant la cellule, à la lumière. Et remplacer cela est compliqué, voire demandera le doigté d’un réparateur. En 2024, cela sera risqué à acheter.
Reste donc ceux sans cette alimentation. Et dans les survivants, il y a de tout. Comme des autofocus, je pense au Konica Recorder, ou au Fuji TW-3. Mais aussi des équivalents avec une ouverture similaire, voir plus avantageuse, comme le Olympus Pen (1ʳᵉ gen) qui possède un F/3.5, ou le Olympus Pen D3 qui offre une superbe ouverture à F/1.7 !
N’oublions pas aussi, le mythique Olympus Pen F ! Qui offre la particularité de pouvoir exploiter des objectifs interchangeables. Ce qui n’est pas le cas pour le 17.
Rappelons que, le choix du demi-format est aussi à double tranchant. Cette approche n’aura eu qu’un succès contenu. Pour la simple raison que terminer une pellicule de 48 ou 72 poses prend beaucoup de temps. Il n’était pas rare que le film soit abandonné dans l’argentique. Avec l’apparition de l’autofocus, le demi-format fut occulté par les nouveaux compacts 24×36. Et à une époque où on veut tout, rapidement, il faut le prendre en compte, avant d’acheter.
De modes
C’est sûrement le coup de marteau qui achève l’enclume, le Pentax 17 offre ici une prestation que peu d’anciens argentiques peuvent concurrencer. D’autant qu’il possède plusieurs modes automatiques, gérés electroniquement. Dont un mode Program avec flash activé, un second sans flash activé, un troisième priorité ouverture max et un dernier priorité vitesse au minimum.
Ajoutons la présence du mode Bulb, plus de la compensation d’exposition et vous avez un panel complet, pour le grand débutant. Sur cela, aucun ancien demi-format ne peut mieux faire. Mais nous pouvons, par contre, trouver des modèles qui proposent une gestion manuelle ! Ce qui permet d’avoir une prise en main totale et donc prioriser vitesse ou ouverture. Tout en gardant un prix plus bas.
On peut remettre le Pen D3 déjà nommé. Il y a aussi des concurrents plus abordables, les Fujica Half ! C’est un point and shoot zone focus, qui fonctionne aussi en mode Auto, Priorité ouverture et Manuel. Notons que la fonction Bulb est aussi présente. Son seul point noir est la cellule au sélénium que j’ai déjà pu décrier. Mais, si votre modèle n’est plus alimenté, vous pourrez l’exploiter en manuel. Surtout qu’il offre, selon les variantes, une meilleure ouverture à F/2.8 ou F/1.9 !
Quid du mode priorité ouverture sur un zone focus ?
Nommé “Bokeh”, terme plus célèbre auprès du grand public, il montre pourtant bien une priorité ouverture poussée au max. Néanmoins, bien que la feature soit très demandée sur un compact, il est délicat de compenser la réduction de la profondeur de champ, avec une visée au jugé. Il est donc plus important d’être précis dans son estimation de la distance avec sujet. Cela reste possible, mais je me dis qu’un grand débutant pourra être frustré de faire du hors focus.
Reste aussi la question de l’obturateur. Notre Pentax 17 allant au max à 1/350s, en plein jour, avec un film à 200 ou 400, il ne faudra pas s’attendre à des miracles. Attention, les concurrents feront rarement mieux, sauf si obturateur plus puissant.
Je vous en parle, pour que vous songiez à ce point, avant un achat sur un zone focus. Si ce sont les portraits qui vous tentent, je vous recommande un télémétrique ou un reflex, pour plus de sureté.
Et face au Rollei 35 AF ?
Autre grosse nouveauté de 2024, annoncée pour l’été. Le Rollei 35 AF développé par Mint est une offre complémentaire. Il sera plus compact, offrira du plein format 24×36, aussi la compensation d’exposition et possédera un 35 mm F/2.8 avec un autofocus central !
De quoi faire réfléchir. Mais il faut garder en tête que son prix sera forcément plus haut. Mint étant un petit fabricant, avec des moyens plus limités, la production sera plus modeste. La présence également d’un AF fera forcément pulvériser le tarif.
Le Rollei 35 Af n’est pas encore totalement annoncé, le prix n’est pas confirmé, ni les modes présents. La rumeur veut qu’une gestion P, A, S, M soit de la partie. Il reste donc compliqué de les opposer. Mais si l’annonce du 17 ne vous convient pas, il y a un intérêt à patienter un peu.
Quel impact du Pentax 17, sur l’argus argentique ?
Contrairement au duo Rollei/ Mint qui est désormais surtout présent auprès des habitués, Pentax possède un nom qui parle à tous. Il y a donc fort à parier que le 17 servira de point de repère aux vendeurs, dans l’estimation du prix de l’argentique trouvé au grenier. On pourrait s’attendre donc à une augmentation. Mais, il y a aussi une différence entre offre et demande. Si un modèle augmente, les vendeurs particuliers vont alors se retrouver en concurrence plus directe avec les vendeurs pro et le Pentax 17.
Il y a donc la probabilité de l’apparition d’une lutte entre estimation et réalité du marché. La seule variable étant l’acheteur. Perdu, il pourrait facilement tomber dans le panneau, en remarquant les nouveautés de l’année.
Et dans cette perspective, ce sont les vendeurs pro qui vont devoir décider s’ils harmonisent leurs prix autour du 17, selon la fiche technique et l’age.
Nous pouvons par contre nous servir de ce dernier pour calmer les ardeurs. Si un vendeur vous dit que son Nikon AF3 vaut bien 400 euros, car il a un autofocus et qu’il est plus rapide. Vous pourrez lui rétorquer que Pentax offre un produit qui n’a pas 30 ans, avec des garanties en cas de dysfonctionnement. Le plus souvent, de mon expérience, les vendeurs particuliers partent du principe que l’objet marche, sans avoir les connaissances pour vérifier.
Du coup, quelle alternative d’occasion au Pentax 17 ?
Bien qu’il y aura toujours plusieurs choix, voici une petite liste des alternatives possibles, sur le marché de l’occasion argentique.
- Demi-format avec autofocus : Konica Recorder
- Demi-format zone focus, automatique et manuel : Olympus Pen D3
- Demi-format zone focus, automatique et manuel, “on the budget” : Fuji Half
- Compact plein format, autofocus, automatique, de taille équivalente : Konica MT-11
- Compact plein format, zone focus, ultracompact : Séries Balda C35, Minox 35 (priorité ouverture)
- Télémétrique, automatique et manuel, taille proche du Pentax 17 : Olympus 35 RC
- Reflex, priorité ouverture et manuel, taille proche du Pentax 17 (à associer avec une optique “pancake”) : Pentax ME super
On aurait pu penser que Pentax ressorte un vrai compact autofocus, au goût du jour et équipé d’un objectif 35 mm ouvrant au moins à f: 2,8.
Ce qui était le cas par exemple d’un best seller des années 80 comme la dernière génération des Konica AF3. Mais bon, il faudra faire avec et surtout avec le prix. Quant à l’occasion, j’ai de gros doutes: il y a un gros risque avec le sélénium inopérant au bout d’un certain temps et par ailleurs nombre d’appareils du milieu des années 70 souvent tributaires des piles PX 625 au mercure aujourd’hui abandonnées. Quant aux ” point and shot” de premières générations que vous cités, contrairement aux reflex qui ont été mieux traités par des amateurs plus experts, il est très rare de les trouver en bon état. Ce sont des produits plus populaires qui ont souvent bien vécu au plus près de la vie de leurs utilisateurs.
Ou alors se rabattre sur des produits zone focus comme le Vivitar 35 EF, mais qui ont été peu distribués.
J’espère toutefois que ce renouveau de l’argentique neuf va se développer avec de nouvelles filières pour les travaux photos.
Car il y a un gisement énorme d’anciens amateurs argentiques qui ne sont jamais passés au numérique. Pour des raisons de technologie, le numérique étant plus proche de l’infographie et de l’informatique que de la chimie de laboratoire.
Ils le feront forcément sur les générations suivantes ou sur les futures autres catégories. Ils ont voulu toucher une catégorie qui fait vivre de nouveau la photo argentique. Des jeunes amateurs qui ont envie de découvrir, avec une assistance, mais un portefeuille limité. Le 17 est un dilemme énorme. Entre qualité et prix acceptable, pour du neuf. L’AF aurait fait trop augmenter cela, je crois.
Pour le sélénium, il est difficile de ne pas l’évoquer sur du demi-format. Et je précise déjà le risque de cette alimentation. Les modèles cités peuvent se passer de son fonctionnement. Une cellule externe n’est pas difficile à trouver.
La pile PX625 existe en version Alcaline, donc ce n’est pas un problème. J’en fais moi-même l’usage.
C’est intéressant, je ne suis pas d’accord sur la généralité de l’état des Point and shoot que vous décrivez (et oui, j’utilise le terme anglophone, plus pertinent à mon sens, la taille pouvant être, parfois, équivalente à un reflex, comme pour le Pentax Zoom 105). Je vois passer des appareils tous les jours. L’état n’est pas tributaire d’une catégorie d’appareils qui auraient eu un type d’utilisateur. Comme pour toutes choses, un objet prévu à destination des pros, peut bien se vendre chez les amateurs et inversement.
Pareil pour le quota du parc fonctionnel. J’ai autant de soucis avec des reflex experts que des P&S de première génération. Un produit populaire et simple, peut-être moins utilisé dans l’usage d’un photographe occasionnel et donc moins exposé aux problèmes. Alors qu’un passionné peut l’avoir plus trimballé et utilisé. Et donc accroître les soucis d’usure et de chocs. Bref, c’est du cas par cas, on ne peut pas faire de généralité. Votre expérience diffère de la mienne déjà.
Je ne sais pas pour la question générationnelle. Si ceux qui n’aiment pas le numérique étaient si nombreux, les constructeurs l’auraient déjà repéré, depuis le temps. Les études de marché sont présentes pour cela. Le moteur du marché, de ce que j’observe, ce sont surtout les 16-30 ans. Des amateurs qui veulent profiter de l’aspect “rétro”, sans perdre un bras. Chose compliquée avec l’inflation du dev en labo ou des films. Ok, on peut parler d’acheter en bobine ou faire cela à domicile. Mais dans la majorité des cas, l’implication ne sera pas aussi poussée. Pour cela que les anciens CCd et compacts numériques sont en tendances.
En tout cas, nous sommes bien partis, pour au moins avoir une multiplication des projets indépendants, j’en découvre toutes les semaines. Et c’est une bonne nouvelle. Pour les appareils, Pentax a déjà exprimé la volonté de développer un reflex et un appareil 120. Le 17 est un succès commercial, donc cela devrait les inspirer, eux et la concurrence.